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Naissances du Monde
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Naissances du Monde
  • A l'origine, nous partions aider les naissances Cambodgiennes en septembre 2014 en tant qu'étudiantes sages-femmes. Aujourd'hui diplômées, nous parcourons les naissances de contrées plus ou moins lointaines. Et nous en apprenons tous les jours !
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8 novembre 2020

Hasapàtàla ou le trajet approximatif

IMG_3701

Ma première impression a été que c'était le bazar.

Je cherchais nerveusement mon guide dont je ne connaissais que le prénom derrière tous les regards braqués sur moi dans ce petit aéroport de campagne, où un tracteur venait de récupérer les bagages en soute. Pas de tapis roulant, juste une remorque en métal retenant les quelques bagages en soute des passagers qui venaient de débarquer du petit avion de 30 places.

Après plus de 40h de trajet dont quasiment 6h bloquée à l'aéroport (une histoire rocambolesque mais pas très glorieuse), mon cerveau avait du mal à se concentrer sur tous ces visages qui me regardaient « Je suis la seule européenne ici », « Et j'ai un débardeur, ils me regardent tous ». En passant dans la petite foule devant la grille de l'aéroport, les gens touchaient mes bras en parlant fort dans une langue que je ne comprenais pas.

Un jeune homme m'a finalement happé en criant mon prénom. Petit soulagement de savoir qu'après tout ce périple, on m'attendait.

Il m'emmène dans un 4x4 où un chauffeur patientait ; Il y a la climatisation, en refermant les portières, le calme s'installe et je me détends. Mon guide parle un anglais très correct et m'annonce que l'on va faire mes papiers administratifs pour mon entrée dans les camps. Et qu'il me faut une photo d'identité. Je n'en ai pas, j'ai mal à la tête et je voudrais juste m'allonger dans un lit et dormir 12h.

On s'arrête dans un marché qui ressemble à un souk, le guide me dit de venir avec lui et il m'installe à l'arrière d'une échoppe sur un tabouret avec des murs beige cramoisis derrière moi. Un mec barbu avec un turban orange rentre dans l'arrière boutique avec un petit appareil photo numérique, me fait signe de ne pas sourire et prend une photo de moi. On attend 5 minutes et me voilà repartie avec 6 photos de moi en portrait, avec une tête aussi cramoisie que le fond de la photo.

On reprend le 4x4, je ris intérieurement de ces photos vraiment moches. Le chauffeur regarde les photos et annonce avec un accent prononcé que je suis « beautiful ». Mon haussement de sourcils ne l'a pas convaincu de ce que je pense des photos.

On se met en route vers le bâtiment qui va me délivrer mon autorisation à rentrer dans les camps. Sur le chemin, je demande au guide de me rendre mon passeport que je lui avais donné pour faire des photocopies quand on attendait l'impression des photos d'identité. Il a les photocopies mais n'a pas mon passeport.

Mon stress fait un bond.

Le 4x4 fait demi-tour en vitesse pour revenir au magasin précédent, il y a plein de monde sur la route, pleins de klaxons et je me vois déjà rester pour toujours dans ce pays si lointain.

Par miracle, mon passeport était resté dans la photocopieuse et je le range soigneusement dans ma pochette en me promettant de ne plus JAMAIS le prêter à quelqu'un.

 

En arrivant dans le bâtiment administratif dont je n'ai pas saisi l'utilité, on me fait patienter sur une petite chaise d'écolier avec un ventilateur où il manque une hélice qui fait un bruit monstrueux. J'ai toujours mal à la tête. On m'invite à m'asseoir dans un nouveau bureau avec un nouveau monsieur barbu avec un turban orange qui ne me regarde pas une seconde mais qui est penché sur mon passeport, mon visa et mes photos (moches) d'identité. Il y a des cartes des camps de réfugiés sur les murs avec des numéros, des couleurs, des délimitations des routes, des points d'eau et des dispensaires. Il y a des piles de papiers sur les 2 tables dans le bureau, ça déborde.

Mon guide et l'agent administratif discutent et je ne comprends rien. On dirait que le ton monte mais leurs expressions de visage sont parfaitement calmes, ça doit être la manière de parler qui est différente de la mienne.

On me tend 2 papiers à signer, ma grosse tête est sur chacune d'entre eux avec la date du jour et la date de départ. Mon guide me tend un stylo, deux signatures plus tard et je repars avec mon passe-frontière pour les camps.

On m'emmène dans un hôtel qui se prénomme « Paradise hostel ». Mon guide me dit que je ne dois pas en sortir car le quartier est malfamé et que je vais y rester cette nuit car la route pour les camps est longue et cabossée. Que le chirurgien de la mission loge dans cet hôtel et que je le verrai peut-être au dîner. L'hôtel est immense, un portier attend pour prendre ma valise, la réceptionniste me donne mon pass pour la chambre et m'accompagne. Grande chambre hyper propre avec une baie vitrée donnant sur la rue et sur la cour d'un immeuble non terminé mais avec une cinquantaine de famille à l'intérieur, avec des bâches en plastique et des seaux d'eau dispersés dans la cour. Il y a même des poules et un buffle qui se baladent dans la cour.

Je prends une douche dans la baignoire de la salle de bain, avec mon petit seau en plastique qui me sert de pommeau. J'ai du wi-fi, j'envoie un message à mes proches disant que je suis bien arrivée et je m'endors quelques heures.

Je suis réveillée car on toque à ma porte, c'est le médecin de la mission qui m'invite à aller dîner. Il me raconte son parcours et son début de mission ici, je suis impressionnée et j'ai hâte de commencer le lendemain. Les plats de l'hôtel ne sont pas trop épicés, il n'y a que des européens dans la salle de réception, certains ont des tenues d'humanitaires, on sent que l'hôtel s'est adapté à leur clientèle.

Je m'endors à nouveau rapidement pour me lever à 6h30 le lendemain, mon passeport est caché dans la doublure de mon sac à dos.

photo identité bangladesh

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